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le vent nous portera
29 janvier 2018

Genesis - Selling england by the pound -

genesis selling

En cette fin d'année 1973, GENESIS publie ce qui est souvent considéré comme le meilleur élément discographique de sa période la plus créative, voire le meilleur de sa carrière entière. Notez cependant qu'il ne s'agit que d'une partie des fans, et c'est limite si chacun de ceux parus entre 1970 et 1977 n'a pas droit au même titre, selon à qui on s'en remet... A contrario, Selling England By the Pound récolte parfois aussi le revers de la médaille, jugé trop long et bancal. Forts d'un succès grandissant en Europe et d'une tournée remarquée (quoique pas encore assez) aux Etats-Unis, Tony Banks, Phil Collins, Peter Gabriel, Steve Hackett et Mike Rutherford décident de se consacrer à leur mère patrie, l'Angleterre. Le message est clair, GENESIS, groupe de jeunes gens issus de classes moyennes et dont les opinions politiques se rapprochent de la gauche, compare le passé glorieux de son pays natal au détriment de son présent. Rongée par le capitalisme, désormais, « l'Angleterre se vend à la livre » (traduction approximative de Selling England By the Pound). Peter Gabriel, grimé en Britannia, endosse le rôle d'un chevalier nostalgique et désabusé sur « Dancing With the Moonlit Knight », qui disparaît à la fin du disque, marchant tristement sur cette « allée du trop-plein » (« Aisle of Plenty ») au son des slogans de vente d'aliments à la criée (« english ribbs... table jellys... anchor butter down... »). Les deux morceaux se font assez proches. Reprenant le même thème musical (splendide), c'est néanmoins l'introduction de l'album qui marque les esprits. La voix de Gabriel évolue d'abord a-cappella avant de se laisser porter par la guitare 12 cordes et l'électrique de Steve Hackett. « Dancing With the Moonlit Knight » propose ensuite un furieux décollage rock où le guitariste et Tony Banks se détachent, et s'achève par une nouvelle retombée onirique en arpèges cristallins. C'est là une façon de signifier que ce cinquième disque, moins baroque et « violent » que ses prédécesseurs, mise d'abord sur l'alchimie folk de GENESIS, celle qui le distingue de King Crimson par exemple, au point d'en faire le groupe de rock progressif le plus copié au monde. La production de John Burns rend justice à ces moments, sans pour autant se faire moins fluide sur les escapades rock : la batterie et la basse rendent particulièrement bien. Cependant, peu de gens retiennent la beauté de l'instrumental « After the Ordeal » (merci monsieur Steve Hackett), et la ritournelle acoustique « More Fool Me », chanson d'amour courtois par Mike Rutherford, alors bien influencé par son ami Anthony Phillips, dont l'ombre plâne toujours sur le groupe par ces moments-là. Phil Collins y offre sa deuxième prestation chantée pour GENESIS, avec cette légèreté et cette innocence qui le caractérisent encore à cette époque. Cependant, c'est bien Gabriel qui mène la danse par ses textes fantasques, théâtraux. « I Know What I Like (in Your Wardrobe) » est inspirée par la peinture de Betty Swanwick qui sert de pochette au disque. Selon Gabriel, le garçon qui dort sur son banc se nommerait Jacob et incarnerait l'attitude des Anglais le dimanche, entre flemmardise et tondeuse à gazon... Le titre mélange soul, bruits étranges et sitar électrique sur un riff pourtant simple, preuve que GENESIS varie les plaisirs pour ce qui figure comme son premier tube (19ème place dans les charts britanniques). Les morceaux longs, car il y en a, divisent le public, particulièrement « The Battle of Epping Forest », texte humoristique autour d'un combat entre deux gangs rivaux où les disparités entre Gabriel et le reste du groupe apparaissent déjà au grand jour. « Firth of Fifth », souvent cité parmi les plus beaux morceaux du groupe, est rendu mythique grâce à son introduction virtuose au piano, sa mélodie limpide comme une rivière (grande ici, la rivière qui se jette dans la mer...) et son solo de guitare lyrique, preuves supplémentaires de l'esprit romantique de GENESIS. Cette débauche de créativité confère au disque un caractère étiré, et, selon certains, laborieux. Choisissant de tout garder, le groupe, Tony Banks en tête, jugera plus tard cet album trop long, sachant que ni « After the Ordeal » ni, de manière plus surprenante, le final de « The Cinema Show » ne devaient y figurer. Quel gâchis ç'aurait pourtant été, après une nouvelle mélodie enchanteresse où Romeo et Juliette rencontrent le devin Tiresias, presqu'aussi belle que le « Lovers' Leap » de « Supper's Ready », de ne pas avoir ce long mouvement instrumental où Collins et Rutherford soutiennent énergiquement les soli de Banks, pour la première fois au synthétiseur et jusqu'au glorieux dénouement... Selling England By the Pound est un de ces disques que l'on apprécie comme un tout, ou par des « morceaux choisis », sachant que les trois premiers et les deux derniers figurent souvent en bonne place -ils demeureront d'ailleurs les plus longtemps joués en concert. Remarquable par son essence acoustique autant que la maîtrise d'une fougue créative (de la batterie de Collins jusqu'à la guitare nylon de Hackett), ce disque révèle la cohésion naturelle du groupe avant les frictions personnelles et artistiques de The Lamb Lies Down on Broadway.(forces parrallèles)

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