Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vent nous portera
10 octobre 2018

Ibeyi - Ash -

ibeyi

Dès le début tout était là, sortilège sororal intime sur le fond, minimaliste en surface, et pourtant riche d’une sensibilité unique, qui a séduit le producteur Richard Russell, patron du label indépendant anglais XL (en plus de sortir les disques d’Adele, Jack White ou The XX, Richard Russell a produit Gil Scott-Heron ou Bobby Womack). Ibeyi est la première signature d’un artiste français pour XL, et c’est la bonne. Leur premier album éponyme voit le jour en février 2015. A peine sorties du nid, Naomi et Lisa ont très vite appris à voler, et à voler loin. Les sœurs ont toujours cru à la dimension internationale d’Ibeyi. Le succès ne leur est pas tombé dessus, elles sont allées le chercher. Deux ans de tournée et quelques belles vidéos (on se souvient de celle de River) vont les faire connaître dans le monde entier. Elles jouent partout, aux Amériques, au Japon, au Bénin, bien sûr en Europe et jusqu’en Australie. Au moment de la sortie de leur album, elles chantaient pour la famille et les amis dans une petite salle parisienne. Et les voilà qui se retrouvent, sur la route, à croiser leurs idoles Prince (il vient les voir en concert à Minneapolis), Beyoncé (elle les invite dans le film de son album Lemonade) ou Quincy Jones. Les voilà dans leur pays de cœur, Cuba, à interpréter un chant yoruba pour l’ouverture du premier défilé Chanel dans l’île. Voilà qu’Iggy Pop parle d’elles sur la BBC. Et, plus beau encore, les voilà face à des salles combles, à des milliers de fans qui connaissent les paroles de leurs chansons par cœur. Ibeyi dans le nouveau monde, la force est avec elles. La trajectoire discographique d’Ibeyi est une boucle. Elles avaient enregistré leur premier album dans le studio de Richard Russell. Elles étaient même les premières à travailler dans ce studio, et y sont retournées pour l’enregistrement de Ash, toujours avec Richard Russell. A l’écoute de ce second album, on entend d’abord que rien n’a changé. Parce que, sur le fond, Ibeyi est toujours ce duo de sœurs dont les voix s’enlacent sur fond de percussions, dans des chansons charnelles et mystérieuses, comme des prières légères. Mais tout a évolué. Dans la musique d’abord. Plus d’instruments, plus d’arrangements, plus de groove, de l’auto-tune, une chorale, des invités rencontrés sur la route (le saxophoniste Kamasi Washington, Chilly Gonzales, Me’shell Ndegeocello, la rappeuse espagnole La Mala) et d’autres (toutes des femmes), conviées par la magie des samples (Michelle Obama, Frida Kahlo, Claudia Rankine l’auteur de The Citizen, un livre de poèmes sur l’expérience du racisme). Cette nouvelle énergie dans la musique d’Ibeyi reflète leurs deux années de tournées, de rencontres, de nouvelles expériences, de vie et d’ouverture sur le monde tout simplement. Chantées en anglais, en espagnol et en yoruba, les chansons d’Ash parlent donc du racisme, des femmes indépendantes, des violences policières, du gouffre sous nos pieds, de la transmission, de la prise de conscience collective qui doit impérativement surgir des petites révolutions individuelles, du courage et du réconfort. Cet album se danse, et il s’écoute comme une longue épiphanie qui tient dans les derniers mots de la chanson Me Voy : «Quand nous fermons les yeux, seules restent les mélodies». Fnac

Publicité
Publicité
Commentaires
le vent nous portera
Publicité
Albums Photos
Archives
Publicité