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le vent nous portera
27 avril 2008

La véritable histoire de FUTUROPOLIS

L'avis de la Fnac sur "La véritable histoire de Futuropolis 1972-1994"  de CestacfuturopolisC’est l’histoire d’une bande de copains qui ont inventé la bande dessinée dans les années 70… Non, reprenons tout depuis le début. Donc, c’est l’histoire d’une bande de copains qui passaient leurs petits matins sur les marchés aux puces parisiens. Ils s’appelaient (et s’appellent toujours, d’ailleurs) Etienne Robial, Florence Cestac et Denis Ozanne. Un jour, l’un de leurs clients leur apprend qu’un certain Roquemartine vend sa librairie de bande dessinée. Première surprise : ça existe donc, une librairie de bande dessinée ? Il faut dire qu’en ces temps reculés, tout là-bas au début des années 70, les libraires de BD ne couraient pas les rues. Donc, ils se débrouillent pour réunir des fonds et finissent par la racheter. Ils ne le savent pas encore, mais la grande histoire de Futuropolis vient de naître. Cette librairie – qui tire son nom d’une BD d’anticipation de Pellos, le dessinateur des Pieds Nickelés – voit défiler tout ce que la place compte de collectionneurs fous nostalgiques des illustrés (comme on disait pour désigner la bande dessinée) de leur jeunesse. Au bout d’un moment, les trois mousquetaires – qui, au départ, ne connaissaient pas grand-chose au « 9e Art » et se sont formés sur le tas - se disent qu’il serait temps de créer une vraie maison d’édition. Futuropolis est née une deuxième fois. Nous sommes au début des années 70 et « Futuro » va complètement chambouler les mœurs et les usages en vigueur dans la BD. Loin de la politique des héros et des séries chère aux éditeurs de leur temps, les nouveaux venus mettent en avant la notion d’auteur de BD, incongrue pour l’époque. Ils imaginent des livres aux formats impossibles mais d’une beauté incroyable, comme les fameux 30x40 inaugurés par Jacques Tardi ou les grands romans classiques illustrés par des auteurs de BD et coédités par Gallimard. Ils font travailler tous les grands et futurs grands, de Bilal à Swarte en passant par Baudoin ou l’Américain Robert Crumb. Les collections se multiplient, les beaux livres (parfois invendables) aussi, et une jeune génération de dessinateurs pousse la porte de Futuro, piaffant d’impatience à l’idée d’être enfin publié. Le tout sous la houlette graphique d’Etienne Robial, directeur artistique au talent proportionnel à la capacité à bougonner. L’aventure durera jusqu’au début des années 90, quand la gestion approximative de Futuropolis obligera ses fondateurs à rejoindre le giron de Gallimard. Florence Cestac, femme à tout faire chez Futuro – attachée de presse, maquettiste, nounou d’auteurs houspillés par Robial, empaqueteuse, secrétaire mais aussi, au bout d’un moment, dessinatrice – raconte cette histoire avec ce mélange de drôlerie et d’émotion dont elle s’est fait une spécialité. Présenté sous une couverture qui rappelle la fameuse collection Copyright (surnommée « la Pléiade de la bande dessinée », elle proposait de redécouvrir toutes les grandes séries de la BD américaine du début du XXe siècle), ce récit riche en rebondissements, péripéties, drames personnels, menaces de faillite et coups de gueule de Robial, offre un panorama passionnant de ce qu’était le petit monde de la BD française dans les années 70, en un temps où tout semblait encore possible et où de nouveaux horizons graphiques et éditoriaux restaient à découvrir. Aujourd’hui, Futuropolis n’est plus, même si la marque a été relancée récemment par Gallimard associé à l’éditeur Soleil. Mais la relève a heureusement été prise : au début des années 90, de jeunes gens motivés, décidés à poursuivre le travail de défricheur de Robial et des siens, ont permis à une nouvelle génération d’auteurs de BD de se faire publier. Sous le nom de L’Association, dirigée par un autre éditeur talentueux mais irascible, Jean-Christophe Menu, ils ont fait émerger tous ceux qui, de Trondheim à David B. en passant par Joann Sfar, ont apporté un sang neuf indispensable à la manière de dessiner, de penser et d’éditer de la bande dessinée. Mais ceci est une autre histoire…

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