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le vent nous portera
29 mai 2015

Le pouvoir des innocents - Car l'enfer est ici -

le pouvoir des innocents car l'enfer

Dans un climat pré-électoral électrique, l'étau se resserre autour de Logan. Dernier espoir de la défense, la petite Amy est écartée au motif de ne pas avoir le discernement suffisant pour différentier le réel de l'imaginaire. Parce qu'il a évoqué l'abolition de la peine de mort pour l'homme le plus détesté d'Amérique, le sexy candidat démocrate Lou MacArthur s'effondre dans les sondages et va jouer à quitte ou double dans une dernière réunion publique. Sa meilleure groupie, qui donne de son corps pour lui apporter des voix, vient de passer avec Domenico Coracci, l'un des gros bras de Frazzy, un accord baise contre la promesse d'assister au meeting de son candidat chéri. En prison, les pro et anti-Logan s'organisent.

Injustement accusé, mis au ban de la société, tel un Christ moderne, Joshua Logan poursuit son chemin de croix vers le sacrifice afin qu'advienne le règne de bonté de Jessica Ruppert. Jouant sur le thème antique du bouc émissaire, Luc Brunchwig n'épargne pas sa victime et tisse sa toile où il entremêle les destins de ses personnages dans une intrigue dont il a le secret. 4 millions de voix est une brève pause respiratoire dans ce thriller haletant. Les choses se mettent en place et l'angoisse monte avant d'atteindre un paroxysme au cours des dernières pages. Le Pouvoir des innocents est un coup de gant de boxe en plein plexus, parce qu'il mêle des thématiques plus qu'actuelles et une tragédie religieuse. Et même si ceux qui ont lu le début du troisième cycle (Les enfants de Jessica) connaissent déjà l'issue, il est dur de s'arracher à la tension de ce bras de fer. Deux visions légitimes et antagonistes du monde s'affrontent. D'un côté, la générosité de Jessica Ruppert et de son poulain qui croient à la main tendue, à l'intégration et à la rédemption. De l'autre, cingle le discours, plus dans l'ère de notre temps, de sa rivale Meredith Bambrick, manipulée par Frazzy, partisane du "aide-toi, le ciel t'aidera" et de la répression. Pris en otage dans cette lutte des géants : Joshua Logan. La fin justifie les moyens, machiavéliques, mais point de manichéisme. Chaque acteur du drame a sa profondeur, ses lumières comme ses ténèbres ; difficile au final d'accoler une étiquette absolue. Les bons comme Jessica et Lou peuvent paraître démagogues et égoïstes alors que Domenico et même l'immonde Frazzy ont leur part de faiblesse touchante. Chaque protagoniste, même les figurants, suscitent de l'intérêt.

Aux commandes de l'environnement graphique, le duo Hirn/Nouhaud a atteint une belle maturité. Le dessin magnifié par les couleurs chaudes et vives de l'aquarelle crée un univers réaliste et tangible. Parcourir les beauté des planches peut faire ressentir la chaleur de l'été à travers les ombrages, le bruissement de la ville de New York, une humidité sur la peau, l'étouffement des lieux clos.

Tel un soupir avant l'uppercut, 4 millions de voix joue avec les codes et l'efficacité des meilleures séries US. Poignant jusqu'au bout. Par M. Leroy

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