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le vent nous portera
15 juin 2015

The Ramones

ramones

La Chronique de Mr Malo : C'est une période plate, le temps où une révolution en appelait une autre semble révolu. Le rock a mûri, la boue de Woodstock a séché. La normalité fait partie intégrante de sa croûte dure et résistante. Les vieux se bourrent la gueule au rez-de-chaussée et les mômes fument des cônes à l'étage. Tout est foutrement calme. Les Beatles sont un souvenir agréable pour des hippies devenus employés de banque. Janis et Jimi squattent leurs chambres d'hôtel respectives, Jim fait trempette. Les chevelus en haut de l'affiche se nomment Genesis, Queen ou ce sympathique Rod Stewart. On peut souffler dans les chaumières. Sinatra picole du whisky, Elvis est obèse, Cher aura bientôt un nouveau nez...L'industrie de la musique, empereur gras que la fatuité aveugle rate encore le miracle. L'épiphanie se produit à New York au coin de la 53 ème rue et de la 3 ème avenue. Cette fois-ci les rois mages sont au nombre de quatre. Ils n'ont pas apporté d'or, pas de myrrhe et encore moins d'encens. Quatre monarques aux cheveux longs, bardés de perfectos noirs, blue-jeans et converses aux pieds en mauvais état. Ils ont ramené des sarcasmes, une batte de base-ball et un peu de glue à sniffer si le divin enfant ne veut pas dormir. Ils sont soudés par une idée commune, ça ne peut plus durer. Va falloir réveiller bébé rock en le balançant près du mur. Le plan ? Bah, y'en a pas et je me permets de paraphraser ici saint Johnny Ramone « On pouvait envisager de se passer de travailler sa guitare vingt ans avant de jouer du bon rock n'roll. ». Cet évangile, rudimentaire je vous l'accorde, va trouver son propre écho chez les marshmallow people en quête d'une nouvelle vérité.  Message pour les orphelins du grand frisson, les affamés de la continuité ou simples paumés incapables de retrouver le chemin de la maison. Comme cette foule d'un autre temps qui piétinait aux abords du Jourdain pour voir si ce bon vieux Jean n'avait pas les doigts trop palmés, voici notre masse de pénitents sur le pavé du CBGB dans le Bowery. La messe n'est pas toujours à l'heure supposée mais nom de dieu, elle envoie. D'abord l'Angélus, les fidèles se bousculent, ils s'échauffent gentiment avec ruades et petites torgnoles en guise de bonjour. Le père Joey Ramone accompagné de ses choeurs exhorte les siens à s'abandonner « Hey ho, let's go ! », le Blitzkrieg bop nous enveloppe. Puis c'est l'épître apostolique ou celui des réjouissances, ça dépend. « Beat on the brat » et son message d'amour, délicate litanie, petit appel au matraquage d'avorton pour plus de paix intérieur. Le curé Dee Dee Ramone fait face aux crânes dégoulinants de houblon et lance la prière à Marie, « Judy is a punk ». Putain, comme si on en doutait une seule seconde. Le très honorable Johnny Ramone dépose un instant sa Mosrite Ventures II pour prêcher avec une Fender Stratocaster, « I wanna be your boyfriend » réchauffe les âmes environnantes, les coups de boule se font plus tendres. L'apôtre Tommy Ramone appelle à plus de paix en ce bas monde et martyrise sa batterie sur le timide «  Chain Saw ». Que de ferveur, les effluves des brebis égarées précipitent plusieurs plusieurs pratiquants vers le sol. La charité toute naturelle se met en place, «Now I wanna sniff some glue », requinque les plus faiblards. La suite est un véritable défilé de bons sentiments, « I don't wanna go down to the basement », « Loudmouth », « Havana affair ». Un grandiose cortège de félicité orchestré par nos anges envoyés sur terre alors que se succèdent « Listen to my heart », «53 rd and 3 rd » et « Let's dance ».  C'est maintenant la bénédiction, « I don't want to walk around with you » certifie au lot des convertis que l'office doit cesser mais que les officiants ne seront jamais loin. La conversion frappera le monde d'ici peu, tel est le message du point final « Today your love, tomorrow the world » juste avant que lumière des néons illumine de nouveau le temple. Certains titubent, d'autres avancent à l'aveuglette mais tous sont possédés par une évidence. Le message sacré des Ramones traversera les frontières, celles des hommes et celles de la création. Le punk trouvera sa voie parmi d'autres moeurs et son chemin dans d'autres cultures. Il changera les enfants, modifiera les villes, marquera les consciences. Oui, l'hiver du mécontentement est encore là. La gueule de Phil Collins rendrait monomaniaque n'importe quel bipède. Certes, les chemises de Rod Stewart rendent aveugles et on ne compte plus les malheureux égarés sur des routes hasardeuses. Mais en vérité, je vous le dis ! Si proche est la délivrance ! Le temps des salles qui schlinguent le vomi est venu, les frocs seront troués au niveau des genoux ou ne seront pas ! D'autres églises ouvriront leurs portes et de nombreux pèlerins ébruiteront la bonne parole. Déjà on entend parler du brave Joe Strummer et du vertueux Sid Vicious. L'illumination ricoche sur tous les continents, rien ne lui résistera, Amen.

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