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le vent nous portera
2 janvier 2016

Calvin Russell - Sounds from the Fourth World -

calvin russell

Cette fois-ci, c’est pour de vrai : retour de l’authentique. La place prise par Calvin Russell avec une poignée de chansons (A Crack in time, premier album sorti au printemps 90) s’explique bien sûr par la dimension mythique du personnage : baroudeur buriné, ex-taulard (qui, légende légende, aurait profité de ses séjours en pénitencier pour ingérer tout Kerouac et Dylan Thomas !), quadragénaire aux yeux clairs et à la moue désabusée. Notre homme possède, avant la toute première mesure, sa place au musée de cire du r n’r. Ne comptez pas sur lui pour se farder, pleurnicher sur votre épaule ou user de synthés. Pris comme cela, il s’apparente vaguement à un Crocodile Dundee de carte postale. Mais ses chansons sont là pour témoigner que la rudesse, la sensibilité le plus-près-de-l’os et le chapeau poussiéreux ne sont pas des artifices. Russell a trop erré (il vit de sa musique depuis un an) pour ne pas avoir appris à capter l’attention d’un public distrait par une inspiration épurée et à mille lieux de la grandiloquence. Il est trop revenu des miroirs aux alouettes pour être impressionné par la mini-vague de renommée qui a déferlé sur lui. Et on l’imagine aisément trop tête de pioche pour ne faire que ce qui lui convient : grosso modo, du country-blues-folk-rock, comme ont su nous l’offrir il y a dix siècles Gram Parsons ou Neil Young. Très fin guitariste, il pratique un faux minimalisme vraiment prenant. Rocker brutal et urbain, il sait diriger la machine à pulsations de main de maître. Parolier acéré, il pratique par courtes vignettes, dégagé de l’emphase et des redondances, nous racontant encore et toujours l’histoire de ce gars qui attend dans le froid et au coin de la rue un bus qui n’arrivera pas. Vocaliste d’exception, il sait se faire doux ou rageur, mais toujours avec profondeur, avec cet organe en râpe à fromage qu’on imagine nicotiné et irrigué de bourbon. A l’occasion de son premier album, on avait ici même souligné le parallèle avec l’humanisme et la philosophie sauvage et élevée d’un John Ford. La comparaison reste valable.(les inrocks)

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