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le vent nous portera
23 décembre 2023

Lana del Rey - Did You Know That There's a Tunnel Under Ocean Blvd -

lana del rey

“C’est ainsi que la lumière entre” chante Lana Del Rey dans un de ses morceaux qui fonctionne comme une métaphore parfaite de son neuvième disque : une douzaine de morceaux comme ceux éparpillés d’un objet brisé - cœur, corps, raison - dont les fêlures brillent doucement. Un objet culturel passé au crible d’une critique libre et assumée. Aujourd'hui, le dernier opus de l'auteure-compositrice-interprète américaine Lana Del Rey, intitulé “Did you know that there's a tunnel under Ocean Blvd”, paru chez Polydor : Un des plus belles chansons de l'album s'appelle "Kintsugi", du nom d’une technique japonaise qui consiste à réparer quelque chose qu’on a cassé, souvent une poterie ou une porcelaine avec une colle dorée. “C’est ainsi que la lumière entre” chante Lana Del Rey dans ce morceau qui fonctionne comme une métaphore parfaite de son neuvième disque, une douzaine de morceaux comme ceux éparpillés d’un objet brisé - coeur, corps, raison - dont les fêlures brillent doucement. Une dislocation qui pénètre même certaines chansons : “AW”, titre scindé collant balade et trap, ou encore ces morceaux étranges, sans vraiment de refrain ni de couplet, mais une sorte de flux de conscience poétique déposé sur des airs de piano qui désarticulent la balade folk.Dans cet album, Lana Del Rey déploie moins son Amérique habituelle qu’elle ne l’absorbe. Les hôtels californiens, les palmiers en noir et blanc, les bayous, les road trips sont intimes, dans une Americana retournée comme une peau de lapin. Ce n’est pas Ocean Boulevard qu’on explore mais le tunnel en dessous comme le dit ce titre à rallonge “did you know that there’s a tunnel under ocean boulevard”. Une image qui articule quelque chose de poétique et de sexuel: “open me up” demande-t-elle, ouvrez-moi. Plus loin, “skinny dip in my mind”, plongez un petit peu dans mon esprit, allez dans le creux des choses, et regardez ce qu’il y a à l’intérieur : sa famille au complet, fantômes et vivants, son désir d’être aimée, celui d’avoir un enfant, la peur de la mort, autant de choses intimes qui sont dans le fond toutes un peu les mêmes. Le mouvement vers l’intérieur est aussi celui d’une recherche spirituelle. Au cœur du disque Lana Del Rey fait résonner la parole enregistrée de son pasteur, les harmonies se font gospel comme dans cet a capella qui ouvre le disque, et les textes en appellent à une foi mâtinée de développement personnel. Un refrain semble obséder deux morceaux au moins : “when you know you know”, quand on sait, on sait. Lana Del Rey mi prêcheure mi pécheresse est de plus en plus ophélienne, avec ses éternelles robes blanches et sa mélancolie, dans des textes qui parfois semblent dangereusement se diluer dans une rivière suicidaire. Il y a quelque chose d’assez terrifiant à l’écoute, un morceau comme *“*Fingertips” par exemple, totalement désarticulé, où elle semble dire tout ce qui lui passe par la tête dans un aigu un peu alarmant. Est-ce parce que je suis en train de lire le dernier roman de Bret Easton Ellis, mais ce disque à la beauté morbide m’effraie, j’entends des fantômes, des fous, des tueurs errant sur Mulholland drive. Il faut sans doute être mieux accroché que moi pour être certain que la fêlure de Lana est une construction, ne pas avoir peur, et voir la lumière au bout du tunnel. Transcription de la chronique de Lucile Commeaux

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