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le vent nous portera
28 novembre 2013

Bob Dylan - live 1966 -

bobdylan_albert halllive1966

La Chronique de Mr Moka : Y'a des jours où on aimerait avoir plus de temps et d'énergie, et c'est dommage parce que cette album cristallise une période, une époque, une vie de musique. Dylan avant 1966, c'est ce jeune trublion contestataire de Greenwich village, sérieux, militant et brillant, que l'on aime pour son engagement aux côté des grandes causes de l'époque. Le Vietnam, les droits civiques, les erreurs judiciaires, et tous les conservatismes. C'est pour ça qu'on l'aime et qu'on va voir ses concerts avec sa petite copine et un pull en laine marron. C'est ce qu'on attend de Dylan, et c'est ce qu'attend aussi le public de Manchester. C'est ce qu'il offre bien volontiers, assumant sans rechigner son rôle d'artiste présent dans son époque, et il a raison d'ailleurs. Applaudissements polis. Mais Dylan c'est encore plus que ça, il est capable de beaucoup plus, il est capable de tout. Il n'a jamais voulu renier ses engagements, mais il veut explorer toutes les voies de la musique, de la poésie, de l'écriture et du monde sensible. Il laisse son public avant l'entracte avec Tambourine Man. Il commence la deuxième partie avec un blues électrique au possible, basse roulante, batterie qui tape avec insistance, rifs qui claquent entre la scène et le public. Une audace tellement belle qu'on arrive à imaginer les regards gênés et incrédules. « And now it goes like this » annonce-t-il à la fin de sa chanson. Le reste est à l'avenant, et puis un « Ballad of a thin man » jouissif et extatique. Dresser l'oreille dans l'intervalle qui le sépare de « Like a Rolling Stone », un spectateur brise la politesse outrée de l'assistance : « Judas ! » crie-t-il en porte-voix d'une grande partie du public. Réponse de l'accusé : « I don't believe you... You're a lyier ! », qui lance à son batteur : « Play fucking loud ! ». Et commence l'une des interprétation de « Like a Rolling Stone » les plus échevelée du monde. La batterie ne s'est pas faite prier, Dylan beugle dans son micro, étouffant sans doute de colère. Et voilà, Dylan maintenant, « it goes like this ». Ce sera le début d'une longue recherche qui continue encore, des périodes, des moments, et des convictions traversées, retournées, consumées. C'est une interprétation différente à chaque fois, c'est pour ça que les gens ne reconnaissent pas les chansons dans ses concerts et sont déçus. C'est une cinquantaine d'albums différents depuis lors. Ce concert de 1966 marque le début de la suite éblouissante de ce génie du XX ème siècle. On aurait bien aimé être là.

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